Stérilisation des moustiques
Une méthode prometteuse du robot « sexeur » pour lutter contre l’invasion des moustiques et du risque sanitaire qu’ils font courir.
Alors que le traitement par insecticides restent la principale méthode de contrôle des moustiques, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) recommande le développement de techniques alternatives. En l’occurrence, des méthodes de lutte génétique. Parmi elles, la Technique de l’Insecte Stérile (TIS) suscite un intérêt croissant. Cette approche innovante, combinée à des avancées technologiques comme le robot sexeur, pourrait révolutionner la lutte contre ces insectes vecteurs de maladies.
Lutte génétique contre les moustiques : un enjeu majeur de santé publique
Les moustiques, en particulier le moustique tigre (Aedes albopictus), représentent une menace sanitaire mondiale. Ils transmettent des maladies comme la dengue, le chikungunya, le Zika et le virus West Nile. Ces dernières sont responsables de plus de 700 000 décès par an. En 2024, alors que Paris s’apprête à accueillir les Jeux Olympiques, l’épidémie mondiale de dengue atteint des records, avec plus de 7,6 millions de cas signalés (voir article La Chasse aux moustiques pour les JO). En France métropolitaine, l’invasion du moustique tigre, désormais présent dans plus de 80 % du territoire. Il fait vivement craindre une transmission locale de ces virus.
La Technique de l’Insecte Stérile (TIS)
La TIS consiste à lâcher des mâles stériles dans la nature. Ces mâles, irradiés aux rayons X ou gamma, s’accouplent avec les femelles sauvages sans produire de descendance viable. Répétée suffisamment longtemps, cette méthode permet de réduire, voire d’éliminer, les populations de moustiques. Une variante, la Technique de l’Insecte Incompatible (TII), utilise une bactérie appelée Wolbachia pour induire une stérilité conditionnelle. Ces techniques ont déjà prouvé leur efficacité, comme à Singapour, où elles ont réduit la transmission de la dengue de 77 %.
Le robot sexeur : une innovation clé dans la stérilisation des moustiques
L’un des principaux défis de la TIS est la séparation des mâles et des femelles avant le lâcher. Une avancée majeure a été réalisée avec le développement d’un robot sexeur par l’entreprise chinoise Wolbaki. Ce robot, capable de trier jusqu’à 16 millions de mâles par semaine, résout un goulot d’étranglement technique crucial. En utilisant un système de vitres ajustables. Il sépare les pupes mâles (plus petites) des femelles (plus grandes) avec une précision inédite, tout en minimisant les dommages aux insectes.
Applications et perspectives
Plus de trente pays testent actuellement la TIS, et des pays comme l’Italie, le Mexique et les États-Unis ont déjà adopté ce robot. En France, le projet OPTIS, mené à La Réunion, explore une variante renforcée de la TIS. Dans cette approche, les mâles stériles sont imprégnés d’un biocide, augmentant jusqu’à dix fois l’efficacité de la méthode tout en limitant l’utilisation de produits chimiques.
La combinaison de la TIS et du robot sexeur ouvre de nouvelles perspectives dans la lutte contre les moustiques. Ces méthodes, à la fois efficaces et respectueuses de l’environnement, pourraient jouer un rôle clé dans la prévention des épidémies de maladies vectorielles. Alors que le moustique tigre continue de coloniser de nouvelles régions, ces innovations technologiques offrent un espoir dans la bataille contre l’une des espèces les plus invasives au monde.