Un risque d’épidémie dû aux moustique en France
Un rapport de l’ANSES pointe l’élévation du risque dans l’hexagone dans les cinq années à venir
La France métropolitaine fait face à un « risque assez élevé » d’épidémies liées au moustique tigre (Aedes albopictus) dans les cinq prochaines années. Selon un rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) publié ce vendredi. Dengue, chikungunya et Zika pourraient se propager rapidement, mettant sous tension les systèmes de prévention et de santé.
L’Anses alerte sur la nécessité de renforcer les moyens matériels, financiers et humains pour anticiper et gérer ces crises sanitaires potentielles.
Un risque épidémique croissant dû aux moustiques
Le moustique tigre est désormais implanté dans 78 départements métropolitains. Il représente une menace grandissante selon les experts de l’Anses. La probabilité d’une épidémie d’arbovirose (dengue, chikungunya ou Zika) dans les cinq prochaines années est estimée entre 6 et 7 sur une échelle de 0 à 9. Cette évaluation repose sur une analyse approfondie des données scientifiques et des retours des acteurs de terrain.
Ces dernières années, le nombre de cas autochtones (infections contractées localement) a augmenté. Avec 50 cas de dengue recensés en 2023 et un record de 66 cas en 2022. Jusqu’à présent, ces cas ont été limités à des foyers localisés. Desquels, il a été possible de retracer l’origine des contaminations.
Cependant, une épidémie se déclare lorsque les transmissions deviennent incontrôlables et ne peuvent plus être reliées à un foyer unique.
Facteurs favorisant une épidémie
Plusieurs éléments contribuent au risque épidémique.
- La présence massive du moustique tigre sur le territoire.
- Des conditions climatiques propices à sa reproduction.
- L’arrivée de voyageurs infectés en provenance de zones où ces virus circulent activement.
- L’efficacité limitée des moyens de lutte contre les moustiques et la transmission virale.
Émeline Barrès, coordinatrice de l’expertise à l’Anses, souligne que « le déclenchement d’une épidémie dépend de la combinaison de ces facteurs ».
Des systèmes de santé sous tension
En cas d’épidémie, les dispositifs de prévention et de contrôle pourraient être rapidement saturés, prévient l’Anses. Une épidémie majeure qui touche un large territoire ou coïncide avec une autre crise sanitaire (comme ce fut le cas aux Antilles en 2020 avec la dengue et le Covid-19). Si bien que cela mettrait le système de santé sous pression extrême. Les services d’urgence et les médecins généralistes, déjà souvent saturés, pourraient être débordés.
Recommandations pour anticiper les crises
Pour mieux se préparer, l’Anses recommande.
- De valoriser les expériences des territoires d’Outre-mer, où la gestion des arboviroses est déjà bien rodée.
- De former les professionnels de santé aux facteurs de risque et aux signaux d’alerte des formes graves de ces maladies.
- D’adapter les moyens matériels et humains pour renforcer la surveillance et la lutte anti-vectorielle.
Impacts économiques et sociaux
Une épidémie, même de faible ampleur, pourrait avoir des conséquences économiques. Notamment sur le tourisme, avec une baisse de fréquentation des zones touchées. Par ailleurs, les épidémies exacerbent souvent les inégalités sociales. Ce qui rend l’accès à l’information, à la prévention et aux soins plus difficile pour les populations défavorisées.
L’Anses appelle à une vigilance accrue pour garantir une réponse équitable et inclusive.