Un risque sanitaire qui devient important
Détruire les habitats devient un impératif
Source SudOuest.fr –
Plusieurs experts alertent sur « un risque sanitaire important » cet été, après les 65 cas de dengue détectés en France l’été dernier. Pour éviter une épidémie, il faut supprimer les lieux de ponte du moustique-tigre avant l’éclosion des œufs aux premières chaleurs
Le moustique-tigre s’est installé peu à peu sur le territoire français ces dernières années. Et il n’est pas prêt de s’en aller. Au contraire, sa population, qui devient de plus en plus résistante notamment contre les insecticides, risque de se développer avec les fortes chaleurs. Problème, ce moustique peut transporter plusieurs maladies tropicales comme le chikungunya, le virus Zika ou la dengue. En France, les cas de dengue ont augmenté ces dernières années. L’été dernier, 65 cas autochtones (personnes infectées sur le territoire et non à l’étranger) ont été signalés en seulement trois mois. Une première.
Cette hausse fait craindre un prochain été avec « un risque sanitaire important », selon plusieurs experts interrogés par « Le Parisien ». « C’est un signal. 2022 est une année charnière où on a franchi une étape de plus dans le risque », explique Marie-Claire Paty, coordinatrice de surveillance des maladies vectorielles chez Santé publique France (SPF). Si le moustique-tigre a une distance de vol limitée (entre 150 et 200 mètres), il colonise le territoire en voyageant dans les voitures. Il a déjà été détecté dans 70 départements de France métropolitaine.
Détruire les lieux de ponte
Pour l’instant, les œufs du moustique sont en dormance cet hiver. Mais d’ici quelques semaines ou quelques mois, la chaleur et l’humidité leur permettront d’éclore. L’enjeu est de s’occuper dès maintenant des lieux de ponte, pour empêcher le développement de l’espèce sur le territoire. « On y travaille d’ores et déjà. S’il le faut, on doit être en mesure de répondre à quelque chose de plus grande ampleur que l’été dernier », avertit l’entomologiste à l’Institut Pasteur Anna-Bella Failloux, qui regrette que la population métropolitaine ne soit pas assez sensibilisée.
Comment lutter ? En éliminant tous les points de stagnation des eaux (soucoupes, gouttières, pots de fleurs, pneus…). Face à la résistance du moustique contre les insecticides, les laboratoires travaillent sur d’autres techniques, comme les pièges, ou la technique du moustique génétiquement modifié relâché dans la nature pour empêcher l’éclosion des œufs. Mais l’Europe se montre réticente pour des questions éthiques et environnementales.
Risques de forme grave
Pour rappel, la dengue est une maladie infectieuse due à un arbovirus qui peut mener à des complications sévères comme des défaillances cardiaques, voire des décès. Mais les symptômes les plus fréquents sont la fièvre et les douleurs articulaires. Sur les 65 cas observés en France l’été dernier, aucun n’a développé une forme grave. Mais plus il y a de cas, plus la probabilité d’avoir des cas graves augmente. D’où l’importance de prendre cette question sanitaire au sérieux, le plus tôt possible dans l’année.
Dans son point épidémiologiste de février, Santé publique France (SPF) précise que la dengue est de retour en Guyane, avec une nouvelle souche du virus identifiée. Cette souche DENV-3 n’avait pas été observée depuis 15 ans sur le territoire. L’agence régionale de santé (ARS) se montre inquiète car « il n’y a aucune immunité de la population ». Des infections multiples par des souches différentes augmentent aussi le risque de développer des formes graves de la maladie.